Il n’y a pas de doute que le traitement médiatique que réservent les journalistes aux crises et aux événements politiques internationaux produit certains effets sur l’industrie touristique. Mais quels sont ces effets ? Peu d’études se sont penchées sur le sujet, mais il semble que, depuis les dernières années, le rôle des médias dans la perception de l’industrie touristique représente un intérêt de plus en plus important. Les guerres qui ont marqué la dernière décennie et les attentats terroristes, perpétrés contre des touristes ou non, ont mis en évidence que le tourisme est une activité très sensible aux changements de la conjoncture internationale, non seulement sur les plans économique et social, mais aussi et surtout sur le plan politique. « Cependant, même si les individus ont le sentiment d’une augmentation sensible des risques encourus par eux-mêmes ou par leurs proches, certains anthropologues estiment que cette sensibilité accrue exprime une crise profonde de nos sociétés modernes dans leur rapport à l’aléa » (Bouzon, 2002). Le risque, décrit comme une construction sociale par Bouzon, ainsi que la conscience du risque, sont propagés et soutenus, entre autres, par les médias de communication de masse, provocant des effets sur les comportements des touristes. Ces derniers peuvent avoir tendance à modifier leur comportement de voyage en réaction aux conflits et, surtout, aux articles publiés sur le sujet. Aujourd’hui, on observe que le tourisme est affecté négativement par les guerres et les autres crises politiques. Pour preuve que la guerre n’a pas que des effets négatifs, on peut citer les exemples du tourisme révolutionnaire qui s’est développé au Nicaragua dans les années 1970 et au début des années 1980, de tous les touristes qui voyagent à Cuba, soit par affiliation politique ou par simple curiosité, de tous les journalistes qui se rendent sur les lieux des crises pour assurer la couverture médiatique et pour suivre ensuite le processus de reconstruction qui suit la guerre, des coopérants et des organisations non gouvernementales qui désirent apporter un support et des soins aux populations touchées ainsi que des simples touristes, à l’esprit certes quelque peu aventurier, qui veulent fouler le sol de ces endroits devenus légendaires. Plus récemment, on a vu apparaître le tourisme solidaire à New York, à Washington et en Pennsylvanie. Ironiquement, on dit aussi que le tourisme moderne, de masse, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est né des cendres de la Seconde Guerre mondiale. Coïncidence ou évolution normale des choses ?